LA PRESSE DE L’ÉPOQUE
Pour
« Avec Carrie, Brian De Palma confirme qu’il est un extraordinaire créateur d’images, doué d’un sens de l’excès et du mauvais goût prodigieux. Mais cette fois, il lui faudra partager les mérites de la réussite avec une actrice : Sissy Spacek. Si nous tremblons pour elle, si nous frémissons à la pensée de ses futurs malheurs, si les rares sourires nous émeuvent, c’est parce qu’elle a su donner à son personnage (…) la fragilité et la candeur nécessaires. » Marc Esposito – Première n°4 – Février 1977
« À son habitude, Brian De Palma dévoile la normalité ou l’anormalité de cas psycho-sociologiques, à force de petites touches précises et sans aucun temp mort. Sa caméra est un scalpel qui triture, fouille et découvre… Encore une fois, il faut admirer cette folle technique. La musique, est-il besoin de le préciser, est magistrale. Elle participe entièrement à l’action que porte avec une santé peu commune, Sissy Spacek. Un om avec lequel le cinéma devra compter. » Laredj Karsallah – Télérama du 20 avril 1977
« Adaptée d’un bestseller romanesque américain (dont la traduction française tombe des mains tant elle est médiocre!), cette histoire d’adolescente aux pouvoirs parapsychologiques ne fait que s’inscrire dans le grand courant mystico-mystificateur qui, depuis Rosemary’s Baby et surtout L’Exorciste traverse le cinéma américain devenu usine à cauchemars. » Les Nouvelles Littéraires du 21 avril 1977
« Le film de Brian De Palma, remarquable sur le plan du spectacle, est cependant mis en scène avec beaucoup de calme, d’une façon lisse tout à fait efficace. Le réalisateur a pratiquement sacrifié tous les effets traditionnels du fantastique et du tape-à-l’oeil au profit du fonctionnel. » Pierre Donnadieu – Le Matin de Paris du 22 avril 1977
« (…) C’est dans la manière d’inscrire l’épouvante dans la réalité quotidienne, d’imbriquer étroitement l’analyse psychologique la plus fine et les grandes pulsions primordiales véhiculées par le fantastique, que réside le talent de Brian De Palma, enfant chéri des amateurs d’épouvante. Carrie est, dans cette optique, une réussite parfaite. » Michel Nuridsany – Le Figaro du 24 avril 1977
« Toute la maîtrise de son art, le cinéaste la révèle dans des plans où les protagonistes, tragiques dans le dérisoire, pitoyables locataires de chimères, demeurent comme absents, sans réelle possibilité de communication, en suspens dans leur irrémissible solitude (…). Pourquoi, bon dieu, alors, tous ces falbalas qui désembellissent le film ? De Palma a de la patte. Il en a même parfois un peu trop. Qu’il range à l’avenir, dans l’armoire lelouchienne, tous ces flous artistiques et ralentis d’images. » Jonathan Farren – Cinéma 77 n°222 de juin 1977.
« De Palma a inventé le conte de fées pour adultes. Et s’il n’est souvent pas pris au sérieux, c’est parce qu’il a l’honnêteté de jouer le jeu. Au contraire d’Altman, qui se sert d’un genre pour le dynamiter, il respecte les règles de celui qu’il a choisi d’utiliser. Ainsi Carrie est un vrai film d’horreur, parce que les scènes de terreur n’y sont pas escamotées ou traitées au second degré. » François Guérif – Jeune Cinéma n° 106 de novembre 1977.
Contre
« Des baquets de sang, des couteaux de cuisine et des fourchettes à gigot qui clouent magiquement au mur les méchants ; des cimetières à double fond, tout cet arsenal, de film en film, ne se renouvelle jamais. Le vrai fantastique est mental et le cinéma y excelle. Pourquoi ne pas laisser aux baraques de foires ces accessoires de Grand-Guignol ? » Jean-Louis Tallenay – Télérama du 20 avril 1977
« (…) lorsque De Palma copie Hitchcock (…) c’est seulement raté, mais lorsqu’il se contente de recopier, en version teenager et sanglante trois quarts d’heure de ralentis à la framboise un film aussi nul et réactionnaire que L’Exorciste, l’imitation en revanche est parfaite… » Le Nouvel Observateur du 24 avril 1977
« De Palma est un virtuose qui joue avec nos nerfs. Mais ce virtuose est trop roublard pour être convaincant. De l’horreur qu’il impose et orchestre avec fracas, il ne sait faire qu’un spectacle dont la violence apocalyptique finit par nous lasser. » Jean de Baroncelli – Le Monde du 25 avril 1977
« Bien qu’il en contienne tous les ingrédients, le film de De Palma n’est pas un film d’horreur ; le pouvoir de Carrie, pour terrifiant qu’il puisse paraître, ne fonctionne en fait que comme l’aveu d’une impuissance, et la peur qu’il engendre se dissout aussitôt dans la pitié qu’il évoque : un déchaînement aveugle est toujours pitoyable. On regrettera que De Palma se laisse aller à quelques complaisances de style (…) et que la dispersion thématique du propos nuise parfois à son impact. » Philippe Carcassonne – Cinématographe n°27 de mai 1977