Alors que la lutte se poursuit entre le géant du streaming et l’industrie cinématographique traditionnelle, Netflix tente de trouver un compromis. Dix de ses films dont le très attendu The Irishman de Martin Scorsese, sortiront dans certaines salles de cinéma aux États-Unis avant de rejoindre le catalogue de la plateforme.
Netflix ne fait pas l’unanimité à Hollywood. Bien que la plateforme de streaming s’attèle à produire des séries et des films à la hauteur de grands succès du cinéma, avec parfois de grands noms à la réalisation et à l’interprétation, elle se heurte toujours à l’industrie du cinéma traditionnel.
En effet, Netflix, qui privilégie les exclusivités sur sa plateforme et veut fidéliser de nouveaux abonnés, produit des longs-métrages dont la primeur est réservée aux internautes. Pourtant, les institutions hollywoodiennes telles que les Oscars maintiennent leur désaccord : un film digne de ce nom se doit de sortir dans les salles obscures.
L’année dernière, Netflix a projeté quatre de ses films en avant-première au cinéma —Bird Box, La ballade de Buster Scruggs des frères Coen, Mowgli et Roma qui a remporté trois Oscars (Meilleur Réalisateur, Meilleure Photographie et Meilleur Film Étranger)—, avant de les proposer à ses à ses 151 millions d’abonnés sur la toile.
Cette nouvelle stratégie vise à entrer dans le giron de l’Académie des Oscars pour attirer des réalisateurs ou des acteurs prestigieux. Il s’agit également d’un moyen pour Netflix de radoucir ses relations avec Hollywood et l’industrie cinématographique traditionnelle. Plus tôt cette année, l’Académie des arts et des sciences du cinéma a pourtant rejeté l’idée selon laquelle les règles d’éligibilité aux Oscars devraient être modifiées afin de rendre plus difficile la remise de prix aux films « en streaming ».
Spielberg avait lui-même créé la polémique en critiquant ouvertement Netflix, qui selon lui, n’avait pas sa place aux Oscars : « Une fois que vous acceptez le format de la télévision, vous êtes un téléfilm » déclarait-il en mars dernier, avant de promouvoir Apple TV+.
Dans les années 1970, Fellini considérait déjà le petit écran comme un « instrument d’aliénation posé chez soi comme un frigo. (…) La télévision ne peut exprimer ma vision personnelle. Ses limitations sont trop grandes…» expliquait-il.
Qu’à cela ne tienne ! Cet automne, Netflix, qui continue visiblement sur sa lancée, va donc sortir dix de ses films dans certaines salles de cinéma outre-Atlantique avant de les proposer en ligne. Une exclusivité qui ne devrait pas durer plus d’un mois selon The Verge, mais qui permettra néanmoins aux longs-métrages de concourir pour des récompenses face à des productions hollywoodiennes traditionnelles.
Toujours selon The Verge, les chaînes de cinéma dont AMC et Regal, réclament des délais d’exclusivité nettement plus longs (90 jours). À noter que Netflix n’a pas pris la même décision à Cannes, où la firme est absente depuis deux ans. Pour rappel, en France, la loi sur la chronologie des médias rend difficile le type de compromis mis en place aux États-Unis.
Après des mois de négociations, The Irishman de Martin Scorsese, avec à l’affiche les deux géants Robert De Niro et Al Pacino, sortira sur grand écran le 1er novembre avant d’être disponible en streaming le 27 du même mois.
Il remplira ainsi une condition d’accès aux plus célèbres récompenses cinématographiques américaines, à savoir passer au moins une semaine en salle dans le district de Los Angeles. Netflix vise clairement les Oscars 2020 avec ce film-événement.
Les neuf autres films sélectionnés qui seront diffusés fin 2019 (jusqu’à un mois avant leur mise en ligne sur la plateforme) sont les suivants : The Laundromat de Steven Soderbergh, au cinéma le 27 septembre et sur Netflix le 18 octobre, Dolemite Is My Name de Craig Brewer (4 octobre – 25 octobre), The King de David Michôd (11 octobre – 1er novembre), Earthquake Bird de Wash Westmoreland (1er novembre – 15 novembre), Marriage Story de Noah Baumbach (6 novembre – 6 décembre), Klaus de Sergio Pablos (8 novembre – 15 novembre), J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (15 novembre – 29 novembre), Atlantique de Mati Diop (15 novembre – 29 novembre) et The Two Popes de Fernando Meirelles (27 novembre – 20 décembre).