Alors qu’elle vient de recevoir le prix Lumière 2021 pour l’ensemble de sa carrière, la réalisatrice néo-zélandaise revient au long-métrage le 1er décembre sur Netflix.
Se consacrant depuis 2013 à la télévision avec sa série Top of the Lake, il aura fallu attendre plus de dix ans pour retrouver Jane Campion sur un long-métrage.
Adaptant le roman de Thomas Savage, The Power of the Dog (Le pouvoir du Chien) se déroule en 1925 dans le Montana. George (Jesse Plemons) et Phil Burbank (Benedict Cumberbatch) possèdent un des ranchs les plus lucratifs de la région. Tout bascule lorsque le premier épouse Rose (Kirsten Dunst), une veuve, et la fait emménager avec son fils Peter (Rodi Smith-McPhee) sur leur terre. La cruauté de Phil à leur égard prendra une ampleur inattendue lorsqu’il fera de Peter son protégé.
Dès les premiers plans de la bande-annonce, l’amour de Jane Campion pour la nature revient en mémoire. Bien que se déroulant dans le Montana, le tournage a eu lieu sur sa terre natale de Nouvelle-Zélande qu’elle illustre toujours avec beauté. Le gigantisme de ces paysages s’oppose aux hommes qui évoluent en son sein. Montant crescendo, The Power of the Dog nous emporte dans les manigances psychologiques de Phil, personnage calculateur qui prend sous son aile un Peter influençable sous le regard impuissant de sa mère, désemparée de voir son fils prendre son envol aux côtés de cet homme.
Les thématiques de la réalisatrice ne devraient pas être bien loin avec cette femme plongée dans la masculinité des cowboys et face à des conventions sociales oppressives. Ici, le machisme de Phil, à la conception de la virilité en opposition à la sensibilité de Peter, annonce une histoire profonde et complexe dans l’exploration de l’expression des sentiments. Là encore, des sujets importants et traités tout au long de la filmographie de Jane Campion. Le travail de composition de l’image et de la lumière rappelle la finesse de sa réalisation qui lui a valu de devenir la première femme à remporter la Palme d’or pour La Leçon de piano en 1993.
The Power of the Dog a été présenté à la Mostra de Venise où elle a remporté le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Les critiques n’ont pu que saluer son retour. Le jeu froid de Benedict Cumberbatch (Sherlock, Docteur Strange) affronte la détresse de Kirsten Dunst (Melancholia, Les Proies) qui remplace Elisabeth Moss (The Handmaid’s Tale, Light of my Life), précédemment annoncée dans le rôle de Rose.
The Power of the Dog sera disponible le 1er décembre sur Netflix.
Emilie Bollache