Blu-ray/ Marty de Delbert Mann: critique

Publié par Thierry Carteret le 28 avril 2016

Synopsis : Trentenaire résigné par son insuccès auprès des femmes, Marty s’accommode de son statut d’éternel célibataire. Pourtant, malgré les apparences, ce garçon affable mais complexé souffre, blessé par les remontrances de proches lui rappelant sans cesse l’incongruité de sa situation. Lorsqu’il rencontre Clara, une jeune institutrice timide, qui semblait aussi avoir renoncé à l’amour, Marty caresse enfin l’espoir de mener une vie comme les autres. Mais c’était sans compter sur le mépris soudain de son entourage à l’égard de Clara…

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Marty - couverture

Marty – couverture

Cette première réalisation pour le cinéma du réalisateur de télévision Delbert Mann (A l’Ouest rien de nouveau) a connu un succès totalement inattendu et a même remporté la Palme d’Or à Cannes en 1955 et quatre Oscars, dont celui du meilleur film. Aujourd’hui, Marty demeure profondément attachant quoique un peu surestimé. Il faut saluer l’interprétation d’Ernest Borgnine et de Betsy Blair, pour beaucoup dans la magie émotionnelle que livre une intrigue simple mais juste. La superbe photographie de Joseph LaShelle, dans un noir et blanc très contrasté, évoque l’ambiance d’un film noir. Si Marty peut sembler académique dans sa réalisation, il se situe toutefois à la frontière du cinéma hollywoodien classique et du néo-réalisme, sous l’influence de Roberto Rossellini et cinq ans avant les chefs-d’œuvre très « nouvelle vague » de John Cassavetes. Ce n’est sans doute pas un hasard si on retrouve la comédienne Betsy Blair deux ans plus tard dans Le Cri de Michelangelo Antonioni. Le principal mérite de Marty, qui a d’abord connu une version téléfilm avec Nancy Marchand et Rod Steiger, est de s’appuyer sur un scénario remarquable de Paddy Chayefsky, tout en finesse dans ses ressorts psychologiques. Le scénariste s’est largement inspiré de sa propre vie pour bâtir cette histoire en apparence « banale », porteuse d’idées universelles et touchante par sa dimension humaine et authentique. Le long métrage de Delbert Mann n’est en effet rien d’autre qu’une histoire d’amour, racontant la rencontre de deux âmes esseulées. L’intérêt ici réside dans le fait que ce couple en devenir n’appartient pas aux canons habituels du cinéma hollywoodien de l’époque.

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Si le titre se concentre sur le personnage masculin – Ernest Borgnine parfait dans la peau de ce célibataire trentenaire affable, mais complexé par sa situation et son physique -, Marty offre également un superbe rôle féminin à Betsy Blair. L’actrice joue Clara, une jeune institutrice timide qui se pense laide et peu attractive pour les hommes. Sa rencontre avec ce sympathique garçon boucher du Bronx, victime d’embonpoint et en proie aux mêmes tourments de solitude, alors que leurs proches sont « casés », va libérer la jeune femme de ses démons et l’autoriser à aimer et se laisser aimer à nouveau. Les nuances subtiles que Betsy Blair exprime sont d’une très grande modernité. En face d’elle, Ernest Borgnine l’est tout autant même si son personnage est beaucoup plus solaire en apparence. Cependant, il parvient à apporter des instants de gravité et de noirceur, comme dans la poignante scène du dîner avec sa mère. 

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Remarqué par Burt Lancaster – également coproducteur – avec lequel il avait joué dans Vera Cruz de Robert Aldrich, Ernest Borgnine trouvait là un rôle de premier plan qui allait propulser sa carrière par la suite. Cependant, après Marty, le comédien a essentiellement été cantonné aux seconds rôles, malgré ses interprétations dans Les Douze Salopards (1967), La Horde Sauvage (1969) ou encore New York 1997 (1981). La relation complexe qu’entretient Marty avec une mère castratrice (excellente Esther Minciotti) qui veut le voir mener une vie « comme les autres » tout en le confortant dans son statut d’éternel célibataire, est très bien traitée. Le suspense consiste à voir quel chemin emprunte le personnage de Marty : celui de la liberté de choix de mener une vie conforme à ses attentes, ou se plier au modèle figé et plein d’a priori dicté par son entourage. Marty murmure alors à l’oreille du spectateur qu’en amour tout-un-chacun à sa chance, encore faut-il savoir la saisir quand elle se présente. La belle conclusion ouverte et pleine d’espérance explique sans doute beaucoup le succès surprise de cette comédie romantique d’un nouveau genre pour l’époque.

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DVD : L’éditeur Wild Side nous offre de revoir ce film dans une très belle édition restaurée en HD inédite, comprenant un Blu-ray, un DVD et un livret de 82 pages très intéressant rédigé par Patrick Brion, célèbre historien du cinéma et animateur du ciné-club de France 3. L’éditeur propose également Des Lumières et des Ombres, un documentaire de 30 minutes sous forme d’entretien avec le chef-opérateur français Pierre-William Glenn. Ce dernier revient sur le travail de Joseph LaShelle sur Marty. Enfin, la bande annonce d’époque permet de retrouver Burt Lancaster, qui présente le film en tant que producteur associé.

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  • MARTY réalisé par Delbert Mann, disponible en combo DVD/ Blu-ray+Livret le 4 mai 2016.
  • Avec : Ernest Borgnine, Betsy Blair, Esther Minciotti, Augusta Ciolli, Joe Mantell, Karen Steele,  Jerry Paris, James Bell…
  • Scénario : Paddy Chayefsky
  • Production : Harold Hecht, Burt Lancaster
  • Photographie : Joseph LaShelle
  • Montage : Alan Crosland Jr.
  • Décors : Ted Haworth, Walter M. Simons
  • Costumes : Norma Koch
  • Musique : Roy Webb
  • Edition/ Distribution : Wild Side
  • Tarif du combo Blu-ray + DVD + Livret : 24,99 €
  • Durée : 1h30 (Blu-ray) – 1h26 (DVD)
  • Sortie en salles : 14 septembre 1955

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