La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro : critique

Publié par CineChronicle le 5 mars 2018

Synopsis : Modeste employée de nettoyage dans un laboratoire gouvernemental ultra-secret et sécurisé, Elisa mène une vie triste et monotone, d’autant plus isolées qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

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La forme de leau de Guillermo del Toro - affiche

La forme de l’eau de Guillermo del Toro – affiche

En véritable caméléon du cinéma, Guillermo Del Toro nous fait rêver, frissonner, pleurer. Oscillant à la fois entre des oeuvres poétiques (Crimson Peak, Le Labyrinthe de Pan), des séries horrifiques (The Strain) ou encore des blockbusters (Hellboy, Pacific Rim), on retrouve cette année un Guillermo Del Toro rêveur. Après des retours en demi-teinte de la part des journalistes et des spectateurs pour son précédent long-métrage Crimson Peak, le cinéaste mexicain conquiert l’audience tout en raflant de nombreuses récompenses. D’abord présenté à la Mostra de Venise, où il a remporté le Lion d’or, La Forme de L’eau a récolté quatre superbes Oscars, dont meilleurs film et réalisateur, sur treize nominations. Del Toro ne nous déçoit pas, et c’est avec un très bel exercice de style que nous le retrouvons ici au sommet de son art. Mal à l’aise dans la vie de tous les jours à cause de son handicap, Elisa (Sally Hawkins) est timide et renfermée. Du fait de son manque de confiance en elle, cette femme muette n’a pour amie que sa collègue de travail, Zelda, une Afro-américaine (Octavia Spencer), et son voisin GiIles (Richard Jenkins), un illustrateur aux goûts démodés qui peine à vivre et à faire accepter son homosexualité. Tout va changer dans sa vie, lorsque accidentellement elle entre en contact avec « l’atout », un amphibien torturé, qui sert de cobaye à une expérience militaire, dirigée par un homme sans pitié (excellent Michael Shannon). Petit à petit elle constate, émue, que ce dernier partage la même incapacité à s’exprimer verbalement.

 

La forme de leau - The Shape of Water

La forme de l’eau – The Shape of Water

 

C’est donc par le biais de la musique, de la danse, des expressions et des gestes que les deux êtres parviennent à communiquer. Le tout est sublimé par une photographie magnifique et une bande sonore magique d’Alexandre Desplat, également récompensé par un Oscar. Guillermo Del Toro signe alors une superbe ode à la romance et au cinéma de son enfance. Celui des séries B, des classiques de la science-fiction et d’épouvante. L’inspiration de sa créature n’est une surprise pour personne si l’on vous dit qu’elle rend hommage à L’étrange créature du Lac noir (Creature from the Black Lagoon) de Jack Arnold (1954), l’une des premières révélations cinématographiques de Guillermo del Toro.

 

En parallèle, c’est une autre mise en lecture que nous laisse entrevoir le réalisateur en posant son intrigue dans les années 1960. Une Amérique idéalisée nous offerte en propagande, à la radio, dans la publicité et ses affiches où Gilles travaille durement pour représenter une famille heureuse. Mais aussi chez un concessionnaire de Cadillac qui veut « prouver que vous êtes un homme d’avenir, fort et ambitieux ». Seulement cette nation ne profite qu’à une seule partie de la population. Que faire alors des laisser pour compte ? Les mettre en lumière. Et c’est bien ce que Del Toro réussit à faire le mieux.

 

Comme une passerelle entre hier et aujourd’hui, le réalisateur choisit comme protagonistes des personnages de l’ombre : une femme solitaire et muette, sa collègue de travail noire et son voisin homosexuel, jusqu’à la créature du film, le symbole ultime. Même si l’oeuvre est d’une grande douceur poétique, son auteur n’hésite pas à en briser le principal cliché. Si la princesse embrasse la bête, il ne devient pas pour autant un prince. Car comme disait Hellboy à Liz : « Je ressemblerai toujours à ça ». Plus qu’une simple relecture de la Belle et de la Bête, le long-métrage met en lumière deux individus incapable de mener une vie normale en société. L’un à cause d’une expérimentation, l’autre à cause de son handicap. Finalement le propre de l’amour qui, comme l’eau, n’a aucune forme, aucune frontière, et s’adapte.

 

Prescilia Correnti

 

 

 

  • LA FORME DE L’EAU (The Shape of Water)
  • Sortie salles : le 14 février 2018
  • Réalisation : Guillermo Del Toro
  • Avec : Sally Hawkins, Richard Jenkins, Doug Jones, Michael Shannon, Octavia Spencer, Michael Stuhlbarg…
  • Scénario : Guillermo Del Toro, Vanessa Taylor…
  • Production :  J. Miles Dale et Guillermo del Tor, Liz Sayre
  • Photographie :  Dan Laustsen
  • Montage :  Sidney Wolinsky
  • Décors :  Nigel Churcher
  • Costumes : Luis Sequeira
  • Musique : Alexandre Desplat
  • Distribution : 20th Century Fox France
  • Durée : 2h03

 

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