Dimanche 10 janvier 2016, la 73e cérémonie des Golden Globes s’est déroulée à Los Angeles. Comme chaque année, l’association de la presse étrangère (HFPA) récompensait les stars du petit et du grand écran. Une cérémonie qui a, entre autres, vu la consécration de The Revenant et Mr Robot.
Dès son arrivée sur scène, un verre de bière à la main, Ricky Gervais donne le ton du du Beverly Hilton Hotel. L’acteur et réalisateur britannique était le maître de cérémonie très politiquement incorrect de ces Golden Globes, et son discours d’ouverture n’a pas déçu. Après un retentissant « Fermez-la ! », il se moque de Sean Penn et de son interview clandestine d’El Chapo, célèbre baron de la drogue mexicain, arrêté le 8 janvier dernier : « Je finis ce monologue et je vais me cacher, d’accord ? Même Sean Penn ne pourra pas me trouver. » Roman Polanski en prend aussi pour son grade. Evoquant le scandale pédophile au cœur de Spotlight, il précise que le metteur en scène a pensé qu’il s’agissait du « meilleur film de tous les temps ». Mais en matière de vanne, la palme revient à celle dont Ben Affleck a fait les frais. Alors que Matt Damon monte sur scène pour remettre une récompense, Gervais le présente comme « la seule personne au monde à ne pas avoir été trompée par Ben Affleck ». Silence, petit sourire gêné, l’acteur de SEUL SUR MARS (notre critique) a visiblement eu du mal à digérer la plaisanterie.
.
.
En matière de cinéma, The Revenant s’impose comme le grand vainqueur de la soirée. Le film remporte trois prix majeurs : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur pour Alejandro Gonzalez Inarritu et meilleur acteur pour Leonardo DiCaprio. Accueilli par une « standing ovation », l’acteur a fini son discours sur une note résolument politique. Après les remerciements d’usage, il a déclaré vouloir « partager ce prix avec tous les membres des premières nations représentés dans ce film et avec toutes les communautés autochtones dans le monde. Il est temps que nous reconnaissions votre histoire et que nous protégions vos territoires des intérêts corporatifs ». Joli palmarès également pour Steve Jobs de Danny Boyle, qui rafle le meilleur scénario pour Aaron Sorkin et le second rôle féminin pour Kate Winslet. Bien qu’habituée des récompenses, puisqu’il s’agit du quatrième Golden Globe de sa carrière, l’actrice était visiblement surprise au moment de monter sur scène. Deux récompenses aussi pour Seul sur Mars dans la catégorie comédie : meilleur acteur pour Matt Damon et meilleur film. Une récompense accueillie non sans une certaine ironie par Ridley Scott. Plutôt étonné par la classification de son film, le réalisateur britannique de 78 ans a avoué qu’il ne s’attendait plus à recevoir de prix, ou alors à titre posthume.
Pour le reste du classement, place aux jeunes – le trophée de la meilleure actrice est remporté, côté drame, par Brie Larson pour Room, et côté comédie par Jennifer Lawrence pour JOY (notre critique) – et aux moins jeunes. Quarante ans après la sortie de Rocky, Sylvester Stallone devient meilleur acteur dans un second rôle pour Creed – L’Héritage de Rocky Balboa et Denzel Washington voit l’ensemble de sa carrière récompensé par le prix Cecil B. DeMille. Ajoutons à ce palmarès VICE VERSA (notre critique) pour l’animation et l’excellent LE FILS DE SAUL (notre critique). Déjà Grand prix du dernier Festival de Cannes, cette œuvre fulgurante et audacieuse est naturellement sacrée meilleur film étranger. Côté musique, ce sont la chanson-titre de SPECTRE (notre critique) et la bande originale, signée Ennio Morricone, des HUIT SALOPARDS (notre critique) qui recueillent les faveurs de la HFPA. Carol, de Todd Haynes, qui met en scène l’histoire d’amour de deux femmes dans les années 1950 aux États-Unis, avec Cate Blanchett et Rooney Mara, est reparti bredouille malgré cinq nominations. De même pour Spotlight, que beaucoup voyaient remporter le Globe du meilleur film dramatique.
Du côté de la télévision, deux séries tirent leur épingle du jeu. Mr Robot (USA Network), prix de la meilleure série dramatique et meilleur second rôle pour Christian Slater – on peut s’étonner d’ailleurs de l’absence de Rami Malek dans ce résultat –, et Mozart in the Jungle (Amazon Studios), qui repart avec deux Golden Globes. Ce palmarès est loin d’être anodin ; l’arrivée en force de la toute nouvelle chaîne d’Amazon tend à rappeler que les habitudes de consommation ont changé en matière de feuilletons télévisés. La plateforme d’achat en ligne est bel et bien désormais un concurrent de taille pour Netflix, qui, notons-le au passage, repart sans aucun prix malgré huit nominations. Du côté de HBO l’honneur est sauf. Si les représentants de la chaîne avaient grincé des dents avant la cérémonie en raison d’un nombre de nominations en chute libre (7 contre 15 l’année dernière), la victoire d’Oscar Isaac a de quoi les rassurer. La star montante, également à l’affiche de STAR WARS : LE RÉVEIL DE LA FORCE (notre critique), remporte en effet le prix du meilleur acteur dans la minisérie SHOW ME A HERO (notre critique). Il y incarne Nick Wasicsko, jeune maire qui se voit contraint par la justice de construire des logements sociaux dans un quartier majoritairement occupé par des Blancs. Une histoire inspirée de faits réels.
Enfin, deux valeurs sûres : Jon Hamm (Mad Men) et Taraji P. Henson (Empire), meilleur acteur et actrice dans une série dramatique. Toujours espiègle, cette dernière, récompensée pour le rôle de Cookie Lyon, a distribué des biscuits alors qu’elle se dirigeait vers la scène. À leurs côtés, Rachel Bloom, meilleure actrice pour la comédie Crazy Ex-Girlfriend. Visiblement très émue, la jeune femme a rappelé que la série avait bien failli ne jamais voir le jour ; avant de trouver preneur, elle avait essuyé jusqu’à « six rejets en un jour ». Egalement récompensée, Lady Gaga : la star s’est vue remettre le Golden Globe de la meilleure actrice dans American Horror Story : Hotel. Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle a été préférée à Kirsten Dunst (saison 2 de Fargo) et Felicity Huffman (American Crime). Dernière œuvre récompensée par la cérémonie, Wolf Hall. Repartie bredouille des Emmy Awards (malgré 8 nominations), la nouvelle création de la BBC remporte le prix de la meilleure minisérie.
Même si une récompense aux Golden Globes ne garantit pas un Oscar, cela reste assez annonciateur. Dès lors, tous les regards se portent sur The Revenant. Jeudi 14, on connaîtra la liste des prétendants aux Oscars. Le réalisateur mexicain réussira-t-il l’exploit de remporter la précieuse statuette deux années de suite après BIRDMAN (notre critique) ? Réponse dans la nuit du 28 au 29 février prochain.
Découvrez ci-dessous le palmarès 2016 complet dans une infographie conçue par CanalSat.
.