De plus, on assiste à un autre twist décisif qui remet en cause le système de points selon lequel les homos sapiens sont jugés pour être envoyés au bon ou au mauvais endroit. On peut voir lors de ce retournement de situation majeur, une remise en question du système judiciaire déguisée. Et peut-être, plus largement, des structures qui catégorisent les citoyens au sein d’une société. Ceci donne matière à une formidable reprise pour la saison finale qui, entre-temps a eu droit à une mini websérie de six épisodes, The Selection, sur la chaîne YouTube de NBC. En dépit de ses premiers épisodes jubilatoires, la saison 4 s’essouffle à mi-parcours. Si les gags drôles et bien placés sont encore au rendez-vous, les derniers chapitres tournent un peu au ralenti pour finalement aboutir à une résolution qui, bien qu’émouvante, ne correspond pas vraiment à l’esprit décalé et fantasque de la série.
Quoiqu’un peu inégale ici, The Good Place se place définitivement comme une innovation remarquablement réussie dans le paysage des sitcoms. Elle en reprend les caractéristiques classiques, une durée d’épisodes raccourcie à une vingtaine de minutes, des personnages charismatiques et un lieu-référence, pour les détourner. Souvent dans ce type de séries, les héros ont des caractéristiques très stables et une fonction bien définie. Or, dès la révélation du pilote, on part sur un présupposé de non-fiabilité concernant l’identité des protagonistes.Contrairement à leurs semblables, qui traversent de nouvelles étapes dans leur vie, mais dont les personnalités ne changent pas beaucoup, l’évolution intérieure des habitants du quartier paradisiaque est le pilier de la structure narrative.
Quant au lieu censé être fixe, il se révèle conceptuel. S’il est toujours mentionné, il est parfois absent visuellement sur plusieurs épisodes et a la capacité de se métamorphoser à l’infini. Tout en reprenant le format et les éléments distinctifs du genre, The Good Place se détache ainsi de la nature répétitive de la sitcom. À l’opposé de ses prédécesseurs, qu’on peut regarder de manière aléatoire et tout comprendre, elle adopte une narration plus sérielle qui interconnecte les chapitres entre eux. Malgré la diffusion d’un épisode par semaine, elle apparaît donc plus propice au binge-watching qu’une sitcom standard. Cette approche a sans doute motivé l’intérêt de Netflix pour la diffusion internationale. Mais c’est surtout dans la manière de faire passer ses idées que la création de Michael Schur se distingue.
À la place de l’habituelle morale servie sur un plateau, le public est poussé à se questionner afin d’élaborer sa propre opinion autour de notions, fondatrices des mœurs occidentales. Le tout dans un humour inépuisable, garni de décors bariolés et de références empruntées à la pop culture. À la fois divertissante et philosophique, The Good Place est une comédie dystopique qui propose un regard nouveau sur le process des séries comiques et des sitcoms.
- THE GOOD PLACE
- Diffusion : du 21 septembre 2017 au 31 janvier 2020
- Chaîne/plateforme : NBC (États-Unis) – Netflix (France)
- Créateur : Michael Schur
- Avec : Kristen Bell, Ted Danson, Jameela Jamil, William Jackson Harper, Manny Jacinto, D’Arcy Carden, Tiya Sircar, Marc Evan Jackson, Josh Siegal, Bambadjan Bamba, Maribeth Monroe…
- Saisons : 4
- Durée : 53 épisodes de 22 minutes chacun
Trailer saison 1