Mourir peut attendre de Cary Joji Fukunaga : critique

Publié par CineChronicle le 5 octobre 2021

Synopsis : James Bond n’est plus en service et profite d’une vie tranquille en Jamaïque. Mais son répit est de courte durée car l’agent de la CIA Felix Leiter fait son retour pour lui demander son aide. Sa mission, qui est de secourir un scientifique kidnappé, va se révéler plus traître que prévu, et mener 007 sur la piste d’un méchant possédant une nouvelle technologie particulièrement dangereuse.

♥♥♥♥

 

Mourir peut attendre - affiche

Mourir peut attendre (No Time tot Die) – affiche

L’ultime chapitre du James Bond de Daniel Craig aura, de fait, bien eu à attendre. Après les mésententes avec Danny Boyle, initialement prévu à la réalisation avant d’être remplacé par Cary Fukunaga (True Detective), c’est la pandémie qui aura considérablement retardé la sortie de Mourir peut attendre, 25ème opus des aventures cinématographiques de l’agent secret inventé par Ian Fleming. Il arrive après quatre films inégaux, du très symbolique et flamboyant Casino Royale au mitigé Spectre, en passant par le trop simpliste Quantum of Solace et bien sûr le chef-d’œuvre Skyfall. Cette conclusion revêtait une importance d’autant plus forte que tous ces films suivaient une continuité intéressante, explorant la sensibilité de ce nouveau Bond, tiraillé entre l’amour et la rancœur qui le lie à l’énigmatique Vesper Lynd, traumatisme apparu dès Casino Royale. Se posant comme une synthèse des précédents opus, Mourir peut attendre est un film plein de contrastes. Il faut dire qu’il prend le temps de boucler le récit, étant le plus long des 25 films avec ses 2 h 45. Mais globalement, pas de quoi s’endormir devant le film, tant il brille de sa réalisation inspirée et de ses scènes d’action pétaradantes et dynamiques. Elles se révèlent même plus lisibles que dans les précédents opus, bénéficiant d’un montage moins frénétique, voire même d’un haletant et mémorable plan-séquence vers la fin du film. Au niveau des décors, on prend là aussi le temps. Bien qu’ils soient assez diversifiés, ils se succèdent à un rythme qui permet à chacun de les apprécier visuellement, laissant au scénario le temps de se les approprier. Ce qui mène à l’un des reproches qu’on peut faire au film. S’il prend le temps d’explorer ses décors les plus marquants et de les doter de scènes chargées d’action et/ou d’émotion, force est de constater que les lier entre elle devient une affaire beaucoup plus complexe, donnant lieu à certaines longueurs.

 

Lashana Lynch, Daniel Craig et Naomie Harris - Mourir peut attendre

Lashana Lynch, Daniel Craig et Naomie Harris – Mourir peut attendre

 

L’autre enjeu du scénario était d’écrire de meilleurs personnages que Spectre, qui réussissait la prouesse de réduire Christoph Waltz à un méchant uniquement guidé par une jalousie presque enfantine, et qui n’accordait que peu de place à Léa Seydoux, malgré son charisme certain. À n’en pas douter, c’est la critique que Phoebe Waller-Bridge (Fleabag, Killing Eve) avait à l’esprit quand elle a été sollicitée pour contribuer au scénario. En effet, non seulement le personnage de Madeleine Swann est de retour, mais c’est bien elle et ses secrets qui sont au cœur de l’intrigue. Liée depuis son enfance au méchant incarné par un Rami Malek à l’interprétation glaçante, mais pas servie par son écriture encore plus inexistante que dans Spectre, ce sont les révélations de Madeleine qui mettront Bond sur sa piste.

 

Les personnages de M, Moneypenny et Q sont encore une fois un peu trop en retrait, mais ils sont cette fois-ci rejoints par deux femmes hautes en couleur. D’abord Nomi (Lashana Lynch), l’agente qui reprend le matricule 007 le temps de la retraite de James Bond, et qui fait preuve d’un panache rafraîchissant dans son renvoi du personnage de Bond à ses anciens clichés. Et surtout, la pétillante Ana de Armas, dont le joli minois avait déjà marqué Blade Runner 2049 et À Couteaux Tirés. Honteusement sous-exploitée dans cette trop courte scène cubaine, elle brille par son charme magnétique, et par son ingénuité d’agente plus ou moins débutante, qui brille au combat armé ou à mains nues tout en restant en robe de soirée ultra-chic. Résolument deux actrices qu’on a hâte de retrouver dans d’autres grosses productions, et qui témoignent du naturel avec lequel il est possible aujourd’hui de donner autant de force et d’impact à des rôles féminins.

 

Daniel Craig - Mourir peut attendre

Daniel Craig – Mourir peut attendre

 

Les quelques faiblesses qui peuvent émailler le film sont à vrai dire complètement écrasées par la force de frappe émotionnelle du climax, dans une fin aux choix radicaux, qui permettent à toute la sensibilité de ce James Bond façon Daniel Craig de prendre le pas sur l’abus de pyrotechnie qui conclut trop de films du genre. L’entrée dans la complexité du XXIe siècle du personnage iconique de Ian Fleming ne pouvait espérer meilleur développement, et le jusqu’au-boutisme de cette fin marquera les esprits et conservera à Daniel Craig son statut de James Bond à part, en attendant de savoir sous quels traits le personnage reviendra, comme l’annonce le générique de fin.

 

Théotime Roux

 

 

 

  • MOURIR PEUT ATTENDRE (No Time To Die)
  • Sortie salles : 6 octobre 2021
  • Réalisation : Cary Joji Fukunaga
  • Avec : Daniel Craig, Rami Malek, Léa Seydoux, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Christoph Waltz, Ben Whishaw, Naomie Harris, Jeffrey Wright, Ana de Armas…
  • Scénario : Cary Joji Fukunaga, Neal Purvis, Robert Wade et Phoebe Waller-Bridge
  • Production : Barbara Broccoli et Michael G. Wilson
  • Photographie : Linus Sandgren
  • Montage : Elliot Graham et Tom Cross
  • Décors : Mark Tildesley
  • Costumes : Suttirat Anne Larlarb
  • Musique : Hans Zimmer, la chanson générique par Billie Eilish
  • Distribution : Universal Pictures
  • Durée : 2 h 43

 

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