Résumé : Gosses de Tokyo, Le fils unique, Récit d’un propriétaire, Été précoce, Voyage à Tokyo et Bonjour constituent le cœur de cette étude dédiée au cinéaste japonais Yasujirô Ozu. La singularité remarquable de son œuvre – sa virtuosité formelle, sa cohérence thématique – est bien souvent abordée à partir d’une dissociation entre son style et son intérêt persistant pour la famille dans le Japon qui lui était contemporain. Confronter la profondeur de la pensée du cinéma par le cinéma dont témoigne la réalisation d’Ozu au traitement de la précarité des communautés familiales permet de saisir la portée éthique de ses films. On y retrouve autant l’attention d’Ozu pour la vie collective que le soin qu’il porte aux potentialités expressives du cinéma, à commencer par sa disposition emblématique à (re)produire le mouvement. Procédant au désœuvrement de l’expressivité de son médium, Ozu révèle la capacité du cinéma de donner lieu à des mondes à partir de leur teneur sensible : c’est cette figure de l’impuissance du cinéma que retrace ce livre.

♥♥♥♥♥

 

Ozu - livre

L’impuissance du cinéma. Une étude des films d’Ozu

Pour un cinéphile occidental, le cinéma de Ozu apparaît souvent comme un ensemble d’impressions souterraines, accordant aux prétendues conventions des récits une plasticité mystérieuse et captivante. Pour percer ces mystères, les études, monographies essais et traductions ne manquent pas, et porter un nouveau regard à cette œuvre dont la cohérence (de fond et de forme) ne fait aujourd’hui plus aucun doute, peut sembler difficile. En choisissant « de considérer les films d’Ozu comme des formes pensantes, capables d’énoncer, à même leurs images, une pensée de leur médium », Suzanne Beth, spécialiste du cinéma japonaise et chercheure au département d’études est-asiatique de l’université McGill à Montréal, parvient à inverser les perspectives habituelles. Ce n’est plus le regard de Ozu qui éclaire son cinéma, mais bien le caractère du dispositif cinématographique, perçu tour à tour comme « matériel et immatériel, technique et expressif » qui servira de prisme pour comprendre la singularité de la filmographie du cinéaste. Genres (comédie, mélodrame), thématiques (la famille entre amour filial, relation fraternelle, importance de la communauté et de la destruction de son unité), procédés techniques (la couleur, le son, l’écran large) et médiumniques (la problématique de la télévision) sont analysés par le truchement d’une approche ambiguë propre à un cinéaste qui semble avoir toujours cherché à éprouver les limites technologiques et plus largement discursives de sa propre pratique. En s’appuyant sur de nombreuses analyses de séquences (parfaitement relayées par les illustrations noir et blanc et couleur présentes tout au long de l’ouvrage), Beth s’attarde sur des cas particuliers (le motif télévisuel dans Bonjour ; la puissance chromatique et réflexive du rouge dans Fleurs d’équinoxe ; l’articulation déceptive du son et de l’image convoquant l’idée d’une faille dans la communication entretenue par les personnages du Fils unique), tout en dégageant de grands ensembles permettant d’appréhender la subjectivité artistique, historique, et culturelle de Ozu. Entre défiance et attrait des formes, entre modernité plus ou moins imposée et primitivisme latent, l’art et la manière du réalisateur japonais sont analysées dans le détail. Direction d’acteurs, rapport à l’Occident, représentation des émotions, ou volonté d’édifier un art porté par le temps, convoquent de nombreuses pistes de lecture qui assurent la complétude de cette étude. La rigueur toute scientifique de l’écriture de l’auteure s’accompagne d’une clarté certaine que l’on retrouve à travers le traitement de sa structure ainsi que le développement de ses réflexions. À l’excellence habituelle de la mise en page de la collection « Formes cinématographiques » des Presses Universitaires de Strasbourg s’ajoute une riche bibliographie ainsi qu’une filmographie exhaustive comprenant un ensemble de remarques concernant les récompenses obtenues ou certaines particularités propres à chaque film (tournage, scénario).

 

 

 

  • L’IMPUISSANCE DU CINÉMA. UNE ÉTUDE DES FILMS D’OZU
  • Auteure : Suzanne Beth
  • Éditions : Presses Universitaires de Strasbourg
  • Collection : Formes cinématographiques 
  • Date de parution : 23 octobre 2018
  • Format : 280 pages
  • Tarif : 27 €

Commentaires

A la Une

Paul Auster, auteur de La trilogie new-yorkaise, scénariste et réalisateur, est décédé à 77 ans

L’un des écrivains les plus influents et prolifiques de sa génération s’est éteint dans son appartement de Brooklyn, laissant derrière… Lire la suite >>

Aaron Sorkin prépare la suite spirituelle de The Social Network

Aaron Sorkin a révélé au micro du podcast The Town qu’il travaillait sur un projet similaire à The Social Network… Lire la suite >>

Cannes 2024 : Les compléments de Sélection

Comme de coutume, certaines œuvres s’ajoutent à la sélection officielle. Cette 77e édition fait entrer en compétition celles de Michel… Lire la suite >>

Steven Spielberg prépare un nouveau film sur les ovnis

Steven Spielberg retrouvera David Koepp, le scénariste de Jurassic Park pour écrire un mystérieux film sur les ovnis.    … Lire la suite >>

Martin Scorsese va réaliser un biopic de Frank Sinatra

Leonardo DiCaprio serait prévu pour incarner le célèbre chanteur, face à Jennifer Lawrence dans le rôle d’Ava Gardner.    … Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 BACK TO BLACK 367 818 1 367 818
2 KUNG FU PANDA 4 282 007 5 2 084 258
3 N'AVOUE JAMAIS 234 009 1 234 009
4 FRERES 233 838 1 233 838
5 DUCOBU PASSE AU VERT ! 218 122 4 841 809
6 S.O.S FANTOMES : LA MENACE DE GLACE 211 030 3 761 037
7 CHALLENGERS 185 933 1 185 933
8 CIVIL WAR 173 470 2 457 573
9 GODZILLA X KONG : LE NOUVEL EMPIRE 159 503 4 1 050 426
10 NOUS, LES LEROY 117 563 3 483 533

Source: CBO Box office

Nos Podcasts