Synopsis : Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.
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Une semaine après la sortie française de Hérédité, voici un autre film de genre américain qui a fait beaucoup parler de lui. Depuis sa diffusion au SXSW à Austin, Texas, au début du mois de mars, Sans un bruit, troisième réalisation de John Krasinski, a été en effet au centre d’un buzz médiatique qui se confirme aisément à son visionnage. Film high concept dont on s’étonne qu’il n’ait pas été exploité auparavant, il suit une famille dans un monde post-apocalyptique où des créatures extra-terrestres ont envahi la Terre et les attaquent au moindre son significatif. Il faut donc être inventif et rusé pour survivre dans un environnement où le plus petit manquement à ce devoir de silence peut être fatal. Ramassé sur une durée de moins de 90 minutes, Sans un bruit tient sa promesse de film de monstre original car il se base sur la notion de silence et la tension que celle-ci peut engendrer. Par ce procédé, John Krasinski rend son oeuvre intensément immersive. Sans explications ni mise en place des événements antérieurs, Sans un bruit projette d’emblée le public dans cette quête permanente de survie. Quelque part entre l’efficacité et la sincérité du cinéma de Spielberg alliés au mystère et à la tension des grandes heures de Shyamalan, il trouve sa place au rayon des monsters movies non loin de La Guerre des mondes pour la menace qu’il expose et de Cloverfield ou du Demogorgon de Stranger Things pour le charisme de sa créature. Le travail de design est excellent. Sous ses allures de film d’auteur léché, Sans un bruit n’oublie pas qu’il est avant tout un divertissement hollywoodien et fait preuve d’une efficacité indéniable dans son rythme. Les péripéties s’enchaînent sans temps morts et la musique signée Marco Beltrami sait s’immiscer dans le silence pour amplifier crescendo le suspense pendant les passages où cette famille fait face aux assaillants. Le film est malin et sait utiliser ses éléments forts pour masquer les facilités scénaristiques. Sans un bruit installe avec habilité l’émotion à travers cette famille condamnée à survivre dans un état quasi-mutique, brillamment emmenée par un casting solide, avec des dialogues réduits au strict minimum. Le couple Emily Blunt et John Krasinski (déjà ensemble à la ville) rejaillit à l’écran pour former un duo fusionnel fonctionnant à merveille. Concernant les enfants, l’éblouissante Millicent Simmons confirme ses facultés naissantes dans Le Musée des merveilles, et Noah Jupe expose une nouvelle fois sa bouille attachante et le même naturel de jeu dont il faisait preuve dans Wonder et Bienvenue à Suburbicon. Sans un bruit joue ainsi parfaitement sur l’affect pour faire émerger la peur au sein d’un film dont l’expérience se fait encore plus intense en groupe.
- SANS UN BRUIT (A Quiet Place)
- Sortie salles : 20 juin 2018
- Réalisation : John Krasinski
- Avec : John Krasinski, Emily Blunt, Millicent Simmonds, Noah Jupe, Cade Woodward, Leon Russom, Doris McCarthy
- Scénario : Scott Beck
- Production : Andrew Form, Michael Bay, Bradley Fuller
- Photographie : Charlote Bruus Christensen
- Montage : Christopher Tellefsen
- Décors : Jeffrey Beecroft
- Costumes : Kasia Walicka-Maimone
- Musique : Marco Beltrami
- Distribution : Paramount Pictures
- Durée : 1h30