Synopsis : L’histoire de deux anciens amants qui, 15 ans auparavant, ont fait un pacte. Un pacte où ils s’engageaient à disparaître ensemble si jamais l’un d’entre eux, ayant besoin de s’échapper de sa vie, avait envoyé ce simple et unique texto disant : « RUN ».
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Deux anciens amants, un pacte secret passé il y a plus de quinze ans, un périple en train à travers les États-Unis… Ces quelques vagues détails annoncés par le pitch et la bande-annonce ont intrigué. On se demandait ce que Vicky Jones allait nous réserver pour cette première œuvre télévisuelle en solo. Et c’est une très bonne surprise. L’habituelle partenaire artistique de Phoebe Waller-Bridge (Fleabag), ici productrice et membre du casting dans un rôle secondaire, réitère le ton décalé des autres séries pour lesquelles elle a collaboré tout en proposant un dénouement rocambolesque porté par un concept assez original. À partir d’éléments plutôt communs, l’équipe de réalisateurs et scénaristes dont s’est entourée Jones est parvenue à élaborer une romance déjantée qui ne manque pas de surprendre. Le tout dans une mise en scène assez sobre et réaliste qui fait ressortir les touches fantaisistes, conférant un charme singulier à l’ensemble. Le premier épisode s’ouvre sur Ruby (Merritt Wever). Assise dans sa voiture garée dans un parking de supermarché, elle parle au téléphone avec son mari en lui promettant d’aller chercher leur fils et rentrer à temps pour réceptionner une commande. En raccrochant, elle reçoit un texto d’un certain Billy, que nous découvrons quelques minutes plus tard sous les traits de Domhnall Gleeson (Star Wars, The Revenant, True Grit). Un seul mot, trois lettres, en majuscule : « RUN ». À ce moment-là, l’histoire qui commençait de manière totalement banale bascule vers l’improbable et l’absurde. Sans aucune explication, l’héroïne renvoie ce même mot, quitte le parking, va jusqu’à l’aéroport pour prendre un vol à destination de New York et monte dans un train à la Grand Central Station. Cette première séquence absolument déconcertante donne le tempo pour le reste de la première saison. À la fois succincte et décalée, Run mélange efficacement divers registres.
Tout au long de ses sept courts épisodes de moins de trente minutes, elle reprend habilement les codes de la comédie, du drame romantique, de la satire, du road movie et du thriller pour nous délivrer peu à peu les dessous de ce pacte fou, ainsi que des informations sur le background des héros. C’est justement ce mystère, conservé dès le début de l’action, en plus du lien toujours intact entre Ruby et Billy, malgré les nombreuses années de séparation, qui sert de moteur à la série afin de maintenir un fil conducteur rythmé et riche en rebondissements.
Avec les chapitres, qui s’intitulent selon une action précise, et le train comme décor quasi unique, le tout prend l’allure d’un jeu de pistes et de défis dans lequel on rentre aisément, surtout grâce au charisme deux acteurs principaux. Merrit Wever (Marriage Story, Bienvenue à Marwen, Birdman) et Domhnall Gleeson offrent des performances excellentes dans les rôles de ces ex-amoureux, perdus de vue depuis plus de quinze ans, mais dont l’alchimie entre eux perdure. Cocasse et hilarante, la série de Vicky Jones possède aussi une dimension plus sérieuse avec une réflexion sur la nature humaine. Une chose est sûre : lorsque vous embarquez dans ce train, préparez-vous à vivre une folle et romantique fuite du quotidien en compagnie d’un couple hors normes.
- RUN
- Diffusion : depuis le 12 avril 2020
- Plateforme / Chaîne : HBO et OCS (US+24), disponible en replay
- Création : Vicky Jones
- Réalisation : Kate Dennis, Natalie Bailey, Kevin Bray
- Scénario : Vicky Jones, Stacy Osei-Kuffour, Adam Countee, David Iserson, Georgia Pritchett, Kirstie Swain
- Avec : Merritt Wever, Domhnall Gleeson, Archie Panjabi, Tamara Podemski, Rich Sommer, Annie Golden, Stephen Henderson, Phoebe Waller-Bridge, Deirdre Lovejoy, Jake Bover…
- 7 épisodes de 23-29 minutes