Disparu ce 21 avril 2022 à l’âge de 80 ans, Jacques Perrin, acteur et réalisateur, voix et visage familiers du grand public hexagonal, laisse derrière lui une vaste filmographie qui le vit collaborer avec certains des plus grands noms du cinéma français, comme Clouzot, Chabrol, Costa-Gavras, Demy, Schoendoerffer…
En soixante-dix ans de carrière et près d’une centaine de productions à son actif, Jacques Perrin occupa une place particulière au sein du paysage cinématographique français. Enfant-acteur, il interprète à l’âge de cinq ans un petit rôle dans Les Portes de la nuit (1946) de Marcel Carné.
Onze ans plus tard, il fait son adolescence sur les planches et le grand écran. Alors qu’il apparaît dans La Peau de l’ours (Claude Boissol, 1957), il interprète sur scène le rôle de Ptolémée dans la pièce de Bernard Shaw, César et Cléopâtre.
S’il continuera pendant quelques années à jouer au théâtre, Perrin est vite accaparé par le cinéma. Sa prolixité est étourdissante, l’acteur enchaînant parfois quatre films dans la même année. Si les cinéastes français ont évidemment sa faveur (de Clouzot à Chabrol, de Demy à Vecchiali, de Oury à Beauvois et Gans), Perrin connaît comme un certain nombre de ses contemporains l’exil vers les studios italiens. Il tourne ainsi sous la direction de Valerio Zurlini dans La Fille à la valise (1962), puis de Vittorio De Seta dans Un homme à moitié (1966), ou encore de Giuseppe Tornatore dans Cinema Paradiso (1989).
Ce tropisme transalpin explicite peut-être le goût de Perrin pour les grands écarts. Car, à l’instar des grandes figures du cinéma italien, l’acteur n’hésitait pas à pratiquer les grands écarts, interprétant des drames comme des comédies, investissant le cinéma d’auteur sans oublier les productions populaires. Cet éclectisme n’empêchait nullement Perrin d’être un artiste engagé. En dénote sa collaboration soutenue avec Costa-Gavras qui vit l’acteur interpréter mais aussi s’engager dans la production de Z (1969), État de siège (1973) et Section spéciale (1974).
En 1995, Perrin passe derrière la caméra pour le documentaire Les Enfants de Lumière. Six ans plus tard, Le Peuple migrateur, coréalisé avec Jacques Cluzaud et Michel Debats, lui permet de connaître son première succès de réalisateur. Au-delà des magnifiques images, c’est la voix de Perrin qui marque les esprits. Cette fonction de narrateur, l’acteur la réinvestira pour ses documentaires suivants, toujours réalisés avec Jacques Cluzaud : Océans (2010), Le Peuple des océans (2011), Les Saisons (2016).
Encore récemment, Perrin avait su marquer les esprits avec son interprétation du personnage de Vanec dans Goliath (Frédéric Tellier, 2022) qui restera son ultime apparition au cinéma.